IDAHOT 2022 : quels outils pour lutter contre les LGBTphobies ?

Publié le Lundi 16 mai 2022

Le 17 mai, nous célébrons la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Plus communément appelée IDAHOT, de son acronyme anglais, cette journée est l’occasion pour les organisations de réaffirmer leur engagement en faveur de l'inclusion des personnes LGBT+ et de mettre en avant les actions mises en place pour lutter contre les discriminations.

Une occasion de parler des LGBTphobies

Les LGBTphobies, qu’est-ce que c’est ?

Ce terme désigne les comportements, attitudes et propos hostiles, violents, dégradants… adressés à des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Les LGBTphobies interviennent dans toutes les sphères de la vie : dans les loisirs, le sport, les cercles amicaux et familiaux, ou encore au travail.
Il est de la responsabilité des employeurs que de prévenir et sanctionner ces comportements, et de favoriser un environnement de travail respectueux de chacun et chacune, quelles que soient son orientation sexuelle ou son identité de genre.

Quels sont les outils qui permettent de sensibiliser à la question des LGBTphobies ?

Il existe plusieurs outils de sensibilisation qui permettent de lutter contre les comportements homophobes et de prendre conscience de ses propres stéréotypes. Parmi les derniers outils sortis, on compte, par exemple, le Jeu Assez édité par l’association L’Autre Cercle Pays de la Loire.
Par ailleurs, chaque année depuis 1997, l’association SOS Homophobie recense et analyse les témoignages de personnes victimes de discrimination ou de haine anti-LGBT dans son rapport annuel sur les LGBTphobies.  Ce rapport constitue un support de référence qui permet de présenter chaque année l'évolution des discriminations LGBTphobes en France.

 

Les concepts et les définitions changent, et les outils s'adaptent

De nombreux concepts LGBT+ émanent des pays anglosaxons, c’est pourquoi nous n’avons pas de traduction francophone du Genderbread person. Savez-vous de quoi il s’agit ? C’est une représentation souvent utilisée pour expliquer les différences entre l’expression de genre, l’identité de genre, l’orientation sexuelle et le sexe attribué à la naissance. Cette illustration est notamment présente dans le Kit d’inclusion des personnes LGBT+ au travail créé par l’AFMD.

Depuis plusieurs années, l’utilisation de l’illustration Genderbread fait débat pour de multiples raisons, et des acteurs et actrices de la communauté LGBT+ s’interrogent sur le fait d’avoir une représentation plus complète, plus universelle et donc plus inclusive. Ils et elles ont créé la licorne du genre (ou gender unicorn en anglais)

la licorne du genre

 

Pour aller plus loin dans la réflexion, nous avons demandé à Thibaut Verdet, coréférent Île de France de la commission Intervention et Formation pour Adultes de SOS Homophobie, d’apporter un éclairage sur les enjeux de ces discussions :

Quelles sont les différences entre la/le Genderbread person et la licorne du genre ?

Sur le fond les deux représentations veulent expliquer de manière ludique le concept de genre. Néanmoins la représentation de la licorne est plus précise et plus inclusive envers les personnes qui ne rentrent pas dans le cas d’un schéma binaire homme/femme cis1  :

  • Les 5 composantes du genre font toujours apparaitre une troisième voie possible, notamment dans le cas du sexe assigné à la naissance où le visuel visibilise clairement les personnes intersexes²
  • La licorne du genre utilise le terme « sexe assigné à la naissance » et non simplement « sexe biologique » qui n’est pas assez précis. En effet préciser qu’il s’agit de sexe assigné à la naissance laisse comprendre qu’il s’agit d’une donnée imposée à la naissance, que pour autant elle n’est pas immuable, qu’elle est belle et bien différente de l’identité de genre d’une personne.
  • Le symbole du « sexe assigné à la naissance » est un ADN, contrairement au genderbread qui utilise le symbole représentant les 3 symboles fusionnés homme/femme/non-binaire. Or ce symbole fusionné est un des symboles des personnes trans3 . Afficher un symbole trans à l’endroit du sexe assigné à la naissance réduit alors les personne trans à une transition physique des parties génitale alors qu’il s’agit bien d’une transition de genre n’impliquant pas forcément le sexe de la personne, pour cette raison : le genderbread peut être considéré comme transphobe. Notez qu’une faible proportion de personne trans entame des parcours de transition destinés à changer complètement d’apparence physique.

Quel est le positionnement des personnes concernées et des associations comme SOS Homophobie sur la question ?

Les mots et les symboles ont du sens en particulier quand il s’agit de faire des représentations ludique et pédagogique. Naturellement les association concernées et SOS homophobie recommandent d’utiliser la licorne du genre pour expliquer cette notion complexe.

D’après vous, que peut représenter le symbole de la licorne pour les personnes LGBTQIA+ ?

L’une des raisons pour laquelle les personnes LGBTQIA+ se sont appropriées le symbole de la licorne c’est qu’une licorne n’a pas de genre, n’a pas de sexe elle ne rentre pas dans une case, bref elle est inclusive.

 

 

 

 

  1. Les personnes cis ou cisgenre sont des personnes dont le genre (homme ou femme) assigné à la naissance sur la base des organes génitaux externes (pénis/vulve) correspond à leur identité de genre. Les personnes cisgenre sont des personnes non-transgenre. (source : www.sos-homophobie.org)
     
  2. Les personnes intersexes sont celles dont les caractéristiques physiques, chromosomique et/ou hormonales (les caractères sexuels primaires, secondaire, les chromosomes XX ou XY et/ou les taux d'oestrogène, de progestérone, de testostérone) ne correspondent pas aux définitions binaires des corps mâle ou femelle. Être une personne intersexe est bien plus répandu qu'on ne le pense, cela est estimé à 2 % des naissances soit autant que de personnes rousses. Parce que leur corps est considéré comme différent, les enfants et adultes intersexes sont souvent stigmatisés et subissent de multiples violations de leurs droits humains, tels que le droit à la santé, à l’intégrité physique, à l’égalité et à la non-discrimination, ainsi que le droit à ne pas être soumis à la torture, des mutilations génitales ou à de mauvais traitements. (source : www.sos-homophobie.org)
  3. Les personnes trans ou transgenres sont celles dont le genre (homme/femme) assigné à la naissance sur la base des organes génitaux externes (pénis/vulve) ne correspond pas à leur identité de genre.
    Il existe autant de parcours trans que de personnes concernées. Elles peuvent décider ou non si elles souhaitent effectuer une transition, c'est-à-dire un changement de leur apparence physique et/ou de leur identité sociale.
    À l'inverse les personnes cisgenres ou cis sont celles qui se considèrent en adéquation avec le genre qui leur a été assigné à la naissance sur la base des organes génitaux externes. (source : www.sos-homophobie.org)