Retour sur les assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques

Publié le Vendredi 17 février 2023

L’AFMD fait partie des six associations à l’origine de la Fondation Femmes@Numérique créée en 2018, et occupe depuis 2021 une place au conseil d'administration de l'Association Femmes@Numérique. En 2023, l’AFMD maintient son soutien à l’occasion de l’organisation des assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques.

Premières assises nationales organisées par Femmes@Numérique

Dans la poursuite de ses actions fédératives, Femmes@Numérique a organisé le 16 février 2023, à Bercy, la première édition des Assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques : « Face à l’urgence que faire ? ».

L’objectif de cet événement était de partager un panorama des actions les plus impactantes menées dans les secteurs public, privé et associatif, en matière de féminisation des métiers et filières du numérique, en vue d’identifier les actions à amplifier ou à initier qui permettront de changer d’échelle.

Rattraper le retard dans la représentation des femmes dans le numérique

Le ministre Jean-Noël Barrot chargé de la Transition numérique et des Télécommunications a ouvert l’événement en revenant sur les enjeux portés par le gouvernement dans le plan d’investissement France 2030. Il a souligné le travail de main qui doit être fait entre les institutions publiques, les établissements scolaires et les entreprises pour « préparer la société tout entière à s’engager dans les métiers de demain en faisant le pari de la formation ». 

Pour y parvenir, Catherine Ladousse, coprésidente de la commission parité au sein du Haut Conseil Européen (HCE), s’est appuyée sur les résultats du dernier rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France pour rappeler l’importance d’agir sur les biais genrés dans le secteur numérique, aussi bien pour les métiers numérisés que les métiers numérisants.

Claude Roiron, haute fonctionnaire égalité filles-garçons au ministère de l’Education nationale, insiste sur le fait que 28% des ingénieurs en France sont des femmes et qu’il y a urgence à sensibiliser les enseignant·es et les parents, aux stéréotypes de genre et idées reçues quant aux métiers du numériques.

Jean-Claude Laroche, président du Cigref évoque, quant à lui, la Loi d’orientation et la nécessité d’avoir un cadre fédérateur permettant à l’ensemble des acteurs d’articuler leurs actions autour des mêmes objectifs. 

Aller vers plus de démasculinisation des métiers du numérique

« Au-delà d’attirer des profils féminins, plus divers et plus ingénieux, un des véritables enjeux qui attend notre société est celui de créer des ponts entre le monde de l’ingénierie, de la recherche et le monde de l’entreprise. » Maya Noël, directrice générale de France digitale

« La souveraineté numérique ne doit pas avoir de sexe, de couleur politique, de secteur public ou privé, elle doit être faite de compétences. » Philippe Dewost, directeur d’EPITA

« Il n’y a pas un « profil féminin type » que l’on cherche à recruter dans le numérique, puisque ce que l’on cherche se sont effectivement des compétences. En revanche, nous avons grand besoin de démasculiniser les compétences. » Jean-Christophe Morisseau, personnalité qualifiée au sein du conseil d’administration de Numeum, CEO Red Hat France

Egalité réelle, le chemin est encore long

Isabelle Collet, présidente de la section des sciences de l’éducation à l’Université de Genève, revient sur la mise en place de quotas de femmes dans les entreprises qui, s’il s’agit bien d’une mesure de rattrapage peu couteuse, met mal à l’aise et devient problématique lorsque le quota n’est pas assumé dans l’entreprise. 

Delphine Peresan-Roudil, historienne de l’art, ingénierie pédagogique et culturelle, compare le secteur du numérique à celui des arts plastiques et du patrimoine. A l’inverse du numérique, si 80% des étudiants en art sont des femmes et que les biais sexistes ne sont pas à l’entrée de la formation, elle précise que « les biais attendent les femmes à la sortie ». Selon elle, le plafond de verre persiste car, bien que minoritaires, les hommes sont plus nombreux à occuper les postes de directions et sont davantage distingués ou reconnus. 

Rachel Wadoux, référente égalité-diversité à la Direction interministérielle du numérique, poursuit en ce sens en précisant que le plafond de verre est également présent dans la fonction publique et que, par ailleurs, une enquête exploratoire dans les fonctions numériques a été menée pour tenter d’expliquer la sous-représentation des femmes. Les résultats ont démontré que des efforts restaient à fournir pour réduire le sexisme et les environnements de travail hostiles dans les filières peu mixtes.

Delphine Pouponneau, directrice de la diversité et de l’inclusion Groupe d’Orange, explique que pour pallier l’absence de femmes dans les viviers de recrutement, un CFA et un programme Hello Women ont été créés par le Groupe avec pour objectif d’obtenir 30% de femmes dans les promotions. Elle rapporte néanmoins que cela n’est pas suffisant car il reste encore beaucoup à faire en matière de formation des managers, de reconnaissance et de valorisation des parcours de femmes, ou encore d’égalité salariale.

Enfin, pour conclure, Emmanuelle Larroque, fondatrice de Social Builder, rappelle la nécessité de concevoir les emplois de demain en termes de compétences et non pas en termes de métiers. Les métiers évoluant constamment et de manière rapide, il est important d’avoir ce prisme « compétences » dès maintenant puisque 50% de la population mondiale devra être « reformée » dans les 5 ans à venir.