Les Rôles Modèles dans le monde anglophone
Dans les pays anglophones comme les États-Unis et le Royaume-Uni, l’accent culturel mis sur l’individualisme et l’idéalisation de la personne qui s’est faite par elle-même (quelqu’un qui, grâce à sa persévérance, sa détermination et son travail acharné, réussit professionnellement) façonne la représentation des rôles modèles. Ces qualités s’alignent étroitement avec le concept du « American Dream », qui prône l’idée que le succès est accessible par l’effort individuel.
Cependant, se concentrer uniquement sur les récits de réussites individuelles renforce une pensée essentialiste, qui réduit les complexités de la réussite à quelques traits innés, tout en négligeant des facteurs structurels plus larges tels que le milieu socio-économique, l’accès à l’éducation et les discriminations systémiques.
Pour cette raison, il est important d’élargir la notion de succès et de ce qui fait d’une personne un rôle modèle. En le faisant, nous pouvons déconstruire l’idée essentialiste selon laquelle seules certaines qualités mènent à la réussite. Mettre en lumière des récits qui soulignent l’importance de l’entraide, du soutien communautaire, du networking et du mentorat peut offrir une vision plus inclusive du succès.
Des organisations comme Out and Equal aux États-Unis et The Girls’ Network au Royaume-Uni travaillent dans cette direction. Similaire à L’Autre Cercle en France, Out and Equal est une organisation à but non lucratif qui promeut l’inclusion des personnes LGBTQ+ dans le milieu professionnel. Elle propose des programmes de développement du leadership et des initiatives d’engagement communautaire, créant des espaces pour le mentorat et le dialogue. Leur forum annuel, Leadership Forum, rassemble des cadres supérieurs LGBTQ+ et alliés de grandes entreprises multinationales pour discuter de l’égalité au travail. De la même manière, The Girls’ Network reconnaît l’importance de récits de réussite divers ainsi que le rôle des networks et des communautés. Leur mission est de soutenir et d’inspirer des jeunes filles issues de milieux défavorisés à travers le Royaume-Uni en les associant à des rôles modèles professionnels féminins. De plus, The Girls’ Network espère offrir à ces jeunes filles un meilleur accès aux opportunités, à la confiance en soi et aux compétences nécessaires pour atteindre leurs objectifs professionnels.
Aux États-Unis, les réseaux professionnels basés sur la race ou l'ethnicité sont nombreux. Des organisations comme le BYP Network, la National Society of Black Engineers, la National Black MBA Association, l'Association of Latino Professionals for America, ou encore la Hispanic Alliance for Career Enhancement, rassemblent les membres des communautés afro-américaines, latino-américaines et hispano-américaines pour offrir des opportunités de développement professionnel et de leadership ainsi que des réseaux d'entraide. De plus, certaines organisations, comme le Black Women’s Network, se concentrent sur les obstacles intersectionnels auxquels les femmes noires peuvent faire face tout au long de leur carrière et proposent ainsi des formations professionnelles adaptées, du mentorat et des opportunités de networking.
Enfin, les initiatives gouvernementales des États-Unis, telles que les National Minority Enterprise Development Awards de la Minority Business Development Agency, contribuent également à reconnaître et célébrer les entrepreneurs issus de groupes minoritaires qui ont réussi. Ces récompenses offrent une visibilité aux communautés sous-représentées en mettant en avant des rôles modèles à suivre et des récits de réussite d'individus ayant surmonté des obstacles structurels, encourageant ainsi d'autres personnes de groupes démographiques similaires à poursuivre des opportunités de leadership et d'entrepreneuriat.
En plus du travail d’organisations externes, les réseaux internes d’employé·es (Employee Resource Groups ou ERGs) sont de plus en plus mis en place par les entreprises aux États-Unis et au Royaume-Uni. Ces groupes offrent des espaces où les employé·es peuvent établir des contacts, rechercher du mentorat et des modèles, échanger des idées et se sentir inclus au travail. De plus, les ERGs ont souvent un cadre exécutif qui sert de lien entre les membres et la direction de l’entreprise. Pour certain·es, c’est l’engagement au sein d’un réseau interne qui a contribué à un gain en visibilité dans l’organisation, les conduisant même à devenir des ambassadeurs et ambassadrices des sujets qu’ils et elles défendent.
Dans le contexte de cultures fortement individualistes, mettre l’accent sur le soutien collectif, la diversité des rôles modèles et l’entraide au Royaume-Uni et aux États-Unis peut élargir la notion de succès et encourager des environnements de travail plus inclusifs et solidaires.